"L'enjeu de l'image est vital pour Metz"

14 septembre 2016

Le maintien des festivités populaires, la candidature de Metz royale et impériale au patrimoine mondial de l’Unesco, la nécessité d’une métropole Metz-Thionville, la coopération franco-allemande… À l’occasion de la rentrée, le maire de Metz balaie quelques sujets d’actualité. Entretien avec Dominique Gros.

 

Interview parue dans Metz Mag #72 de septembre-octobre 2016

 

Metz Mag À la différence d’autres villes, Metz a maintenu ses festivités estivales. Cette décision a-t-elle été difficile à prendre ?

Dominique Gros La sécurité passe avant tout, car elle est la condition de toute vie commune et harmonieuse. Notre objectif a consisté à mettre en place une sécurité de très haut niveau, avec l’accord et l’aide des pouvoirs publics, sans sur-réagir. La présence policière était visible, sans être gênante, que ce soit pendant Metz Plage, les Fêtes de la Mirabelle, la braderie, et la population a participé en nombre à tous ces événements. La police municipale et nos services techniques sont à féliciter pour leur réactivité et leur efficacité. Il fallait permettre à la ville de continuer à vivre normalement et, dans cet état d’esprit, nous maintiendrons les marchés de Noël, à la fin de l’année. Reculer devant la menace reviendrait à acter une forme de défaite.

Ces événements, comme les Fêtes de la Mirabelle fin août ou, au tout début de l’été, le festival Ondes Messines, ont permis de mettre en valeur le patrimoine messin. La beauté de la ville, selon vous, est-elle de plus en plus connue ?

Ces manifestations permettent en effet aux habitants et aux visiteurs, de plus en plus nombreux, d’admirer la ville. Elles sont le révélateur de la beauté de Metz, car elles mettent en valeur son patrimoine et son architecture. Quelque chose est en train d’évoluer : voir les candidates à l’élection de la Reine de la Mirabelle, symboles de jeunesse et d’élégance, arborer de magnifiques robes représentant des monuments messins me semble de ce point de vue très significatif.

"Une étape importante dans la façon
dont les Messins s'approprient leur ville..."

La candidature de Metz au patrimoine mondial de l’Unesco semble contribuer à ce mouvement. Est-ce aussi votre sentiment ?

La population est effectivement en train de s’emparer de cette candidature. Les Messins, mais aussi des personnalités extérieures qui rejoignent le comité de soutien. Je croise très souvent  des gens qui me demandent où nous en sommes ! Nous avons créé le désir, l’attente, voire l’impatience. Mais c’est une œuvre de longue haleine et le chemin pour y parvenir est aussi fécond que le but à atteindre. J’ai le sentiment qu’à travers cette démarche, nous franchissons une étape importante dans la façon dont les Messins s’approprient leur ville.

Etes-vous confiant dans l’obtention de ce classement au patrimoine mondial ?

Nous venons de passer un cap supplémentaire avec l’obtention du feu vert du comité des biens français de l’Unesco, qui nous permet de poursuivre l’aventure. Ses préconisations essentielles concernent la nécessité d’établir des comparaisons avec d’autres villes à travers le monde ayant reçu des influences différentes au fil de leur histoire, car c’est à ce titre que Metz royale et impériale est repérée. Il faut bien comprendre en effet que la beauté des lieux ne suffit pas : le critère, c’est la singularité à l’échelle de l’humanité.

"Un élément de valorisation considérable"

Quel est, finalement, l’enjeu d’une telle distinction ?

C’est un élément de valorisation considérable, pas seulement d’un point de vue touristique, encore que les retombées dans ce domaine, en matière d’emplois, ne sont pas négligeables. L’enjeu de l’image est vital car c’est un vecteur d’identification de Metz : d’où cette candidature. D’où, également, le lancement au mois d’octobre d’une marque de territoire, nouvel étendard dont va se doter notre territoire pour promouvoir son développement, assurer sa visibilité, affirmer son identité. D’où aussi la construction d’un centre des congrès après l’ouverture du Centre Pompidou-Metz. D’où la création d’événements soulignant l’excellence franco-allemande de Metz…

Dans un même ordre d’idées, en cette rentrée, les acteurs socio-économiques affichent clairement, comme vous, leur volonté de voir se réaliser une métropole Metz-Thionville. Pouvez-vous expliquer aux Messins en quoi cela est nécessaire ?

Dans le quotidien des habitants, c’est déjà une réalité : de Metz à Thionville, ils vivent dans une agglomération sans discontinuité territoriale. Leurs déplacements, leur emploi, leurs loisirs s’effectuent déjà dans ce périmètre, et l’organisation de la santé avec le Centre hospitalier régional Metz-Thionville s’articule déjà de cette manière. Cet espace est parfaitement pertinent pour une organisation territoriale cohérente et efficace. Or, il est actuellement composé d’une dizaine d’intercommunalités fonctionnant chacune avec sa logique et ses règles. Il n’y a aucune coordination dans le domaine des transports publics ni dans la gestion d’un grand nombre de services, comme l’eau ou les ordures ménagères. Autre exemple : la collaboration touristique entre Amnéville et Metz est embryonnaire, alors que la complémentarité est totale. Et puis, il n’y a aucune stratégie commune de développement économique. Cette absence d’organisation nous affaiblit considérablement dans la compétition que se livrent les métropoles, en France et à l’échelle de l’Europe. C’est ma responsabilité de maire de Metz de porter ce projet et de le proposer à tous.

"Les enseignes savent évoluer"

En 2016, le conseil des ministres franco-allemand a mis l’accent sur l’excellence franco-allemande de Metz. Et maintenant ?

Cet événement a constitué un atout formidable de mise en valeur de toutes les initiatives franco-allemandes prises à Metz dans le domaine économique, la recherche, l’enseignement supérieur, l’éducation, la jeunesse, la culture, le développement durable. Le franco-allemand, ici, se lit dans la pierre de nos bâtiments, mais pas seulement ! Nous allons cultiver cette vocation, faire prendre conscience de l’importance de cet enjeu, c’est pourquoi une nouvelle semaine « Metz est wunderbar » sera organisée au printemps 2017.

À un an de l’ouverture de Muse, l’enjeu de l’attractivité du centre-ville continue à susciter le débat, parfois l’inquiétude. Qu’en dites-vous ?

Muse n’arrive pas en concurrent du centre-ville historique, au contraire : ce centre commercial moderne qui abritera également des logements et des bureaux part à la conquête d’un public nouveau qui ne venait pas forcément à Metz jusqu’ici, la clientèle de Primark par exemple qui profitera du déplacement pour découvrir la ville, donc y circuler. Le commerce de centre-ville, puisque c’est ce qui cristallise ce débat, c’est une affaire à la fois locale et nationale. Nationale, parce que les pratiques des consommateurs évoluent constamment. Locale aussi bien sûr, et ici les enseignes savent évoluer : quand Muse arrive, par exemple, Kiabi se rénove et se modernise, et H&M se déploie au centre Saint-Jacques. Quand Cora lance un projet pilote en France, à savoir un point de retrait piéton, c’est l’hyper-centre de Metz qui est choisi ! Le plateau piétonnier, où le taux de vacance de 6 % est légèrement inférieur à ce qui est constaté dans les autres villes de plus de 100 000 habitants, reste un moteur extraordinaire d’activité, c’est d’ailleurs pourquoi  nous procédons actuellement à sa rénovation tout en améliorant la liaison vers Muse, soit un investissement de 3 millions d’euros.

"Nous concentrons nos efforts dans des projets
porteurs de richesses futures"

Nous atteindrons dans quelques mois la moitié du mandat que les Messins vous ont confié, pour la deuxième fois, en 2014. Quel regard portez-vous sur votre action ?

Nous sommes à la manœuvre, avec une équipe diverse, plurielle, dont j’assure la cohésion et dont je me félicite des nombreux talents ! Actuellement, nous voyons le centre des congrès sortir de terre, l’Amphithéâtre poursuivre son développement, le projet de Bon Secours avancer, entre autres preuves d’une ville qui bouge dans une agglomération qui se projette. Le tout en assurant nos fondamentaux que sont l’éducation et la culture, comme en témoigne la construction de l’Agora dans le quartier de Metz Nord – La Patrotte, cette médiathèque et centre social où culture et action sociale seront étroitement liées. Le contexte financier est difficile, mais nous concentrons nos efforts dans des projets porteurs d’avenir, porteurs de richesses futures.