Léger, beau et grand
Léger, beau et grand
3 juillet 2017
La première rétrospective consacrée à Fernand Léger depuis 20 ans rassemble ses œuvres les plus célèbres, et bien d’autres découvertes, au Centre Pompidou-Metz, jusqu'au 30 octobre. Avec lui, le beau est partout et l’art est pour tous.
Article paru dans Metz Mag n°76 de juin-juillet-août 2017
« Fernand Léger introduit la couleur dans la vie », lance en début de visite Ariane Coulondre, commissaire de l’exposition-événement qui, depuis le 20 mai, a déjà attiré des milliers de curieux au Centre Pompidou-Metz, dont 8 500 rien que pour le week-end d’ouverture. En parcourant les allées aux effets de contraste et de profondeur, qui donnent aux œuvres si colorées de l’artiste avant-gardiste un décor tout en sobriété, le visiteur se dit justement qu’il lui faudrait revenir là par un jour de grisaille si, d’aventure, la météo venait à se montrer capricieuse, à Metz, en plein été !
Cette rétrospective est la première consacrée à Léger depuis 20 ans, et c’est une aubaine : elle rappelle avec force et avec joie combien celui que la chronique des arts qualifie de « peintre de la ville », soixante ans après sa mort, a aussi été un artiste curieux de tout et bienveillant, poète-architecte et militant de la cause ouvrière, épris de liberté et attentif « à la vie moderne qui fourmille autour de lui », comme le souligne Ariane Coulondre.
Voici comment des tableaux fameux se donnent à voir cet été à Metz. La Partie de cartes, œuvre de 1917, exécutée au retour du front. Le Typographe, que l’on imagine aujourd’hui faire merveille pour illustrer les belles revues modernes qui, de XXI à Feuilleton, redonnent au reportage ses lettres de noblesse. Composition à la main et aux chapeaux, une évocation du cinéma en plein essor, l’une des grandes passions de Léger, dont on attribuerait bien une partie à Magritte !
Ici chez lui
La danse, les bals, le cirque, les musiciens : de nombreuses œuvres témoignent encore de son goût du spectacle, jusqu’à se retrouver au pied, littéralement, d’un tableau monumental, pas seulement par ses dimensions (10 mètres de large, 5 mètres de haut !) : célébration du progrès technique à travers l’exemple de l’électricité, Le Transport des forces décorait, en 1937, le Palais de la découverte à l’occasion de l’Exposition internationale des arts et techniques. Art & Tech ? Bienvenue à Metz !
« A aucune époque de notre monde, les travailleurs n’ont pu accéder à la beauté plastique pour ces mêmes raisons qu’ils n’ont jamais eu le temps nécessaire ni la liberté d’esprit suffisante. Libérer les masses populaires, leur donner une possibilité de penser, de voir, de se cultiver et elles pourront, à leur tour, jouir pleinement des nouveautés plastiques que leur offre l’art moderne », écrivait Léger en 1936, au temps du Front populaire. Chantre du progrès social, il a peint Les Constructeurs, Les Loisirs, L’Équipe au repos, La Partie de campagne, illustré le poème Liberté, quelques mois après la mort de Paul Éluard. Son œuvre, rappelle Ariane Coulondre, est liée « à son engagement politique et à son désir de faire entrer l’art dans la vie quotidienne. » C’est dire si Fernand Léger est ici chez lui.
Fernand Léger, le beau est partout, du 20 mai au 30 octobre, galerie 1 du Centre Pompidou-Metz
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