Le retour du raisin
14 novembre 2016
L’acquisition de terrains en friche sur les coteaux de Devant-les-Ponts pourrait signer, à terme, le retour du vin de Metz.
Article paru dans Metz Mag #73 de novembre-décembre 2016
Développer l’agriculture en ville n’est pas une tocade de bobos en recherche d’authenticité. Il s’agit, à Metz, d’une réalité concrète qui donne actuellement naissance, de Devant-les-Ponts à Magny en passant par Metz-Nord et Vallières, à l’aménagement de terrains notamment destinés au maraîchage et à la plantation d’arbres. Fin septembre, le conseil municipal a donné le feu vert à une étape supplémentaire en décidant l’achat par la Ville de six parcelles représentant une surface de 8 440 mètres carrés. Ces terrains actuellement en friches, sur les premières pentes du Mont-Saint-Quentin, ont été achetés pour un total de 18 500 euros, soit 2,20 euros le mètre carré, à des propriétaires ravis de répondre favorablement à cette offre.
Sur ce secteur où la nature reste reine, de nombreuses réalisations ont déjà vu le jour : sentiers balisés pour la promenade, vergers pédagogiques, ruches, jardins familiaux. Les acquisitions votées par le conseil municipal permettent d’envisager de nouveaux aménagements, avec d’autres vergers, des ouvertures paysagères offrant des perspectives inédites, des jardins familiaux supplémentaires et, pourquoi pas, la plantation de vignes.
Des vignerons intéressés
Ce n’est pas un hasard si ces terrains surplombent une rue dénommée chemin Sous-les-Vignes, entre la route de Lorry et la route de Plappeville : jusqu’au début du XXe siècle et, notamment, avant les ravages causés par le phylloxera, la culture de la vigne occupait plus de 84 hectares à Devant-les-Ponts, plus une soixantaine à Lorry et autant à Plappeville. « Sur ce secteur, la production de vin atteignait alors annuellement 3 000 à 4 000 hectolitres », nous apprend l’historien Sébastien Wagner dans son précieux « Dictionnaire historique des rues de Metz ». « La création de zones agricoles de proximité est une demande récurrente des comités de quartier, indique Béatrice Agamennone, adjointe au maire chargée des espaces verts. Elle se situe dans une logique de circuit court répondant à un besoin de consommer des produits locaux. Mais il s’agit aussi d’une référence patrimoniale et identitaire forte, liée au passé maraîcher, horticole, arboricole mais aussi viticole de Metz. »
Le chemin (sous les vignes) est long, il n’y a qu’à en juger par le long processus ayant conduit au retour au premier plan des vins de Moselle pour s’en convaincre : aussi, la Ville de Metz a-t-elle d’ores et déjà entamé les démarches d’obtention d’une AOC, appellation d’origine contrôlée. C’est ambitieux, mais nullement fantaisiste : les coteaux messins sont à tous points de vue adaptés à la culture de la vigne et, d’ailleurs, comme c’est le cas dans d’autres communes du pays messin dont les pieds baignent dans la Moselle, des vignerons du Languedoc, mais aussi de Bourgogne, ont montré leur intérêt. Naguère, leurs aïeuls ont exploité des vignes sur ces terrains précisément acquis par la Ville et ils rêvent, à leur tour, de produire un bon vin de Metz.
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