La nuit au grand jour

16 octobre 2018

À la faveur de l’automne et jusqu'au printemps, ce que la peinture moderne et contemporaine doit à la nuit se donne à voir au Centre Pompidou-Metz. 

La nuit je peins. À quelques années près, Louise Bourgeois, Paul Klee, Henri Michaux et la centaine d’artistes exposés jusqu’en avril 2019 en galeries 2 et 3 du Centre Pompidou-Metz auraient pu fredonner une adaptation de La nuit je mens, chef d’œuvre d’un autre genre, signé Alain Bashung. L’événement installé ici pour six mois s’intitule donc Peindre la nuit,  et la douce ambiguïté du titre fait sens. Peindre la nuit, est-ce représenter la nuit ? Ou peindre de nuit ? Les deux, évidemment…

Commissaire de l’exposition, Jean-Marie Gallais souligne que « certains artistes se définissent par la nuit. » Et, ajoute-t-il, « plus j’ai pensé à ce sujet, plus je me suis enfoncé dans ses profondeurs et ses vertiges. » Peindre la nuit, la nuit terrestre comme la nuit cosmique, soit les deux parties de l’exposition, rappelle ainsi une évidence peut-être altérée par l’époque et ses technologies : rien ne remplace l’expérience de l’œuvre. Effet garanti, devant le Leicester Square de Monet, adepte des nuits électriques, ou face au Nu étoilé de Picasso, par exemple. Mais si, à la faveur de l’automne, quand les nuits rallongent, et jusqu’au beau milieu du printemps, le public retrouve des artistes ayant désormais leur rond de serviette à Metz (Delaunay,Bacon, Ernst, Masson, Richter, Kandinsky…), il pourra aussi faire de remarquables découvertes, d’Auguste Elysée Chabaud (Hôtel-Hôtel) à Amédée Ozenfant (Gratte-ciel éclairé) en passant par Kees Van Dongen ou Peter Doig, dont la Milky Way illustre l’affiche de l’exposition.

Avec un à-propos appréciable, Peindre la nuit s’accompagne d’ouvertures en nocturne, mais aussi de projections de films et d’une programmation spécifique à destination des familles et des enfants. Elle donne même une enseigne inédite à l’endroit : dans la baie vitrée de la galerie 1, au-dessus de l’entrée, Harold Ancart a conçu tout spécialement une peinture-paysage visible au grand jour, mais qui prend surtout vie après le coucher du soleil. De quoi arriver comme l’on repartira : avec des étoiles pleins les yeux.