À Pompidou-Metz, le folklore se conjugue à tous les temps
25 juin 2020
L’univers du folklore n’est pas ancré dans le passé, ni figé dans le temps. Il a été, et demeure, une source d’inspiration, un objet d’analyse critique ou de contestation. La nouvelle exposition du Centre Pompidou-Metz, à voir jusqu’au 4 octobre 2020, bouscule les idées reçues !
Des prémices de l’art moderne à l’art le plus actuel, l'exposition « Folklore » conçue en partenariat avec le Mucem, retrace les relations, parfois ambiguës, qu’entretiennent les artistes avec la notion de folklore, de l’emprunt formel à l’imitation d’une méthode, de la fascination à l’ironie critique. Loin des clichés, elle se concentre sur une définition et une histoire européennes du terme.
Le mot « folklore » apparaît au milieu du XIXe siècle. Il désigne les traditions (lore) d’un peuple (folk). Avant l’apparition du mot, on disait popular antiquities, selon l’idée que ces traditions étaient très anciennes et survivaient à l’état de coutumes, contes, costumes, rites et objets.
« La captation du folklore est une quête sans fin » Marie-Charlotte Calafat, commissaire d’exposition et responsable du secteur histoire au Mucem
Ainsi dans la salle « Oralité et tradition » nous découvrons des images de colporteurs qui véhiculaient alors l’imagerie populaire, ou encore des fiches de collecte de contes de Paul Delarue, folkloriste français, spécialiste de la littérature orale et du conte populaire, qui a tenté de figer également le caractère mouvant du folklore.
L’exposition aborde aussi tout ce qui a construit le folklore : superstitions, mythes, croyances, avec un clin d’oeil au surréalisme avec cet article datant de 1955, intitulé « André Breton ouvre une enquête sur l’art magique ». On y trouve également l’influence du folklore dans l’univers de la mode, avec l’exposition de fiches studio, planches de collection et deux ensembles haute couture d’Yves Saint Laurent qui a régulièrement puisé son inspiration dans les vêtements traditionnels, des pays de l’Est, des ballets russes, ou du côté de l’Espagne.
« Le folklore est un art libéré de toute forme de convention, quelque chose qu’on n’apprend pas à l’école, c’est ce qui va intéresser les artistes contemporains » Jean-Marie Gallais, commissaire d’exposition et responsable du pôle programmation du Centre Pompidou-Metz
Ainsi l’univers du folklore infiltre de différentes manières des pans entiers de la modernité et de la création contemporaine et les œuvres exposées d’une cinquantaine d’artistes -parmi lesquels Gauguin, Kandinsky, Brancuși- témoignent de cet intérêt.
Dans la dernière partie de l’exposition, les œuvres des artistes contemporains témoignent d’un nouveau folklore à créer, ou peut-être même d’un nouveau folklore déjà existant, tel un art vivant. Un travail mené avec beaucoup de poésie, comme les nombreuses banderoles et slogans collectés comme les folkloristes d’antan par l'anthropologue Ed Hall.
La sculpture « Mollah Nasreddine, the Antimodern » du collectif Slavs and Tatars clôt l’exposition, avec son personnage, religieux philosophe mi-savant mi-bouffon, juché sur un âne, qui trotte vers le futur mais regarde vers le passé. Elle évoque le folklore comme une machine à voyager dans le temps, nous permettant de naviguer entre passé, présent et futur, et d’ouvrir des horizons paradoxalement universels.
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