La nature en ville
5 septembre 2016
Metz œuvre avec soin à l’entretien de ses espaces verts. Mais la ville-jardin ne s’en tient pas seulement à l’embellissement du cadre de vie : en favorisant l’expansion de la nature en milieu urbain, elle se préoccupe aussi d’environnement, suscite des démarches citoyennes et développe des actions pédagogiques. Entrez, c’est tout vert !
Article paru dans Metz Mag #71 de mai-juin 2016
Des fleurs pour les jardiniers. En conservant à Metz son label « quatre fleurs », le comité national des villes et villages fleuris a composé un joli bouquet d’éloges à l’égard de la municipalité et de ses agents. « Le jury a pu admirer les belles associations de plantes et les harmonies de couleurs qui expriment tout le talent des jardiniers », explique notamment le courrier adressé au maire en début d’année. Si 237 villes bénéficient des fameuses « quatre fleurs », celles de plus de 100 000 habitants ne les obtiennent ni facilement, ni même automatiquement.
« Auparavant, rapporte Martine Lesage, déléguée nationale du label au sein du ministère du Tourisme, ce sont surtout les villes moyennes, les petites villes et les villages qui prétendaient à ce label. Metz a obtenu sa première fleur en 1988 et décroché les quatre fleurs en 1991. Mais aujourd’hui encore, toutes les villes de plus de 100 000 habitants ne bénéficient pas de cette distinction ! » Lyon, Rennes, Strasbourg ou Caen, par exemple, revendiquent trois fleurs, Le Havre et Montpellier n’en comptent que deux, un échantillon qui révèle aussi combien il semble plus difficile de fleurir une ville au Nord qu’au Sud de la Loire…
De très nombreuses enquêtes d’opinion le confirment régulièrement : lieux de promenades et espaces verts arrivent en tête des équipements publics cités en premier par les personnes interrogées sur la qualité de vie en ville. Un sondage BVA réalisé en 2011 auprès de 602 habitants montrait que les Messins n’échappaient pas à cette constante : ils plaçaient d’ailleurs les espaces verts au premier rang des sujets de satisfaction, avec 88 % de bonnes opinions.
Mais une ville-jardin n’est pas seulement une ville joliment fleurie, et c’est précisément ce que louait le jury dans son rapport : « Le végétal est très présent sur la ville, et sous toutes ses formes. » « Metz est à l’avant-garde des nouvelles pratiques, confirme Martine Lesage. La production florale a changé, et s’est diversifiée. Un immense travail de renouvellement des essences est entrepris dans les choix des arbres désormais plantés. Et puis, quelle créativité ! L’association des plantes vivaces et des plantes annuelles donne lieu à des sites absolument exceptionnels. Mais à Metz, tout ceci n’est pas qu’une vitrine. Il y a un vrai travail de fond, dans lequel la mise en place de la gestion différenciée correspond à une stratégie permettant à la nature de reprendre ses droits. »
Entretien, mode d’emploi
Gestion différenciée ? Derrière une expression qui semble empruntée au jargon de la comptabilité, se trouve résumée la façon dont, depuis maintenant 5 ans, le pôle Parcs, jardins et espaces naturels de la Ville de Metz entretient les 580 hectares de son patrimoine vert (soit 13,5 % de la superficie de la ville, soit aussi 45 mètres carrés d’espaces verts). « L’objectif, explique Michel Koenig, qui dirige un effectif de 165 agents complété par le renfort régulier d’apprentis, consiste à proposer une gestion adaptée aux différents espaces de la ville, tout en préservant la biodiversité. » Quatre classes d’entretien ont ainsi été définies, des jardins de prestige aux jardins sauvages en passant par les jardins traditionnels et les jardins naturels, quatre catégories auxquelles ajouter les terrains de sport.
Dans les jardins de prestige, sur l’esplanade par exemple, l’intervention minutieuse des jardiniers comprend un fleurissement très soigné, l’arrosage régulier des gazons et leur tonte près de 25 fois par an : on dit que la nature y est « très maîtrisée ». Dans les jardins traditionnels (nombreux carrefours ou ronds-points, le long des routes…), où le fleurissement est organisé à base d’arbustes, de rosiers et de plantes vivaces, l’arrosage est plus occasionnel et l’herbe, tondue une dizaine de fois par an, est laissée sur place ; la nature est ici « domestiquée ». Dans un jardin naturel (jardins Jean-Marie Pelt ou promenade de la Cheneau notamment), l’ambiance champêtre privilégie les prairies fleuries pérennes, les bulbes naturalisés, les essences locales, et si les pelouses sont fauchées deux à trois fois l’an, seul le bord des allées est tondue régulièrement : la nature est « encouragée ». Enfin, comme au parc du Pas-du-loup ou du côté du fort de Bellecroix, espaces à forte vocation écologique, l’herbe est fauchée de façon sélective et les végétaux sont systématiquement indigènes, c’est-à-dire qu’ils y poussent naturellement, sans y avoir été importés : on parle de jardins sauvages, dans lesquels la nature est « privilégiée ». Des pratiques d’entretien qui s’appuient sur d’autres actions en faveur de l’environnement : aucun recours aux pesticides, recyclage systématique des déchets verts, stations de pompage et réservoir de récupération d’eau de pluie de 50 mètres cubes pour l’arrosage des jardins et des terrains de sport, installation de ruches…
Mon jardin à l’école
« Metz possède des atouts qu’elle ne se contente pas de mettre en valeur, reprend Martine Lesage, du label des villes et villages fleuris : elle mène aussi de nombreuses actions d’animation en direction d’un large public, comme une invitation permanente à sortir de chez soi ! » Et, en effet, les habitants comme les visiteurs peuvent participer ou assister à de nombreuses opérations. Cultiver et récolter eux-mêmes en rejoignant une association de jardins partagés ou le mouvement Incroyables comestibles ; bénéficier d’une parcelle au sein des jardins familiaux dont le dispositif est en cours de réforme : autant d’activités nourricières, bien sûr, mais aussi citoyennes puisqu’elles favorisent les rencontres, la solidarité, le partage. Cultiver donc, se cultiver aussi au détour d’une exposition au jardin botanique, à la vue d’une œuvre présentée dans le cadre de l’Art dans les jardins, et bientôt grâce à l’exposition du Centre Pompidou-Metz, « Printemps cosmique, les métamorphoses du jardin » qui, de juin à septembre 2017, proposera un parcours hors les murs.
Plusieurs projets pédagogiques accompagnent ce mouvement, naturellement si l’on ose dire ! Avec le dispositif Mon jardin à l’école, les élèves de 33 écoles maternelles et de 32 écoles élémentaires participent à une activité de jardinage au sein même de leur établissement. La Ville de Metz leur fournit graines à semer, plantes en godet, aménage les jardins, met en relation les enseignants avec les associations. L’occasion de montrer que la nature en ville est aussi et surtout un enjeu pour les Messins de demain !
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