Restauration de la colonne de la Vierge place Saint-Jacques

9 février 2023

Avec une attention scrupuleuse quant à l'entretien de son riche patrimoine, la Ville de Metz procède à des travaux de restauration de la colonne de la Vierge place Saint-Jacques, qui se déroulent entre le 20 février et le 15 mai.

 

Elle est l'un des monuments bien connus des Messins. Trônant au milieu de l'une des places emblématiques du centre-ville, la colonne de la Vierge place Saint-Jacques possède une place de choix dans l'histoire et le patrimoine contemporains de Metz. Chaque année le 15 août, elle fait l'objet d'un rassemblement, procession religieuse de l'Assomption d'une part, mais aussi mémoriel et laïque d'autre part, puisque cette date coïncide avec une anecdote historique, en 1940, illustrant une manifestation populaire de résistance des Messins à l'occupation allemande.  

 

Entre le 15 février et le 15 mai, elle va bénéficier de travaux de restauration complets : réparation et restitution de nombreux éléments manquants en pierre de Jaumont, portant principalement sur la main courante et les balustres qui l'encerclent ; nettoyage par hydrogommage de la pierre de Jaumont ; traitement de consolidation par hydrofugation, pour la préserver de l'humidité ; pose d'une patine d'harmonisation, pour harmoniser les teintes entre les parties restaurées et les parties conservées ; nettoyage et restitution des parties manquantes en bronze.

 

Les travaux débutent par la pose d'un échafaudage sur toute sa hauteur, et se poursuivent par son nettoyage dès que les conditions météorologiques le permettent. Ils sont planifiés afin de répondre à un triple objectif : présenter une gêne limitée pour les commerçants de la place Saint-Jacques, se dérouler dans le cadre de conditions météo adéquates, et être achevés pour le traditionnel rassemblement du 15 août. Tout est mis en œuvre pour que l'intervention se termine au plus tôt dans la saison, avec des propositions quant à la relocalisation des tables des terrasses que l'emprise du chantier affecterait.

Les travaux de cette nature, spécialisés, sont confiés à des entreprises qualifiées pour les monuments historiques : BW Qualité pour la maçonnerie et pierre de taille, et Hugon Métal Design pour le bronze.

 

Un peu d'histoire

 

Pendant la Première Guerre mondiale, les Messins font le vœu d'élever une colonne à la sainte Vierge si la ville sort indemne du conflit. C'est Monseigneur Benzler, évêque de Metz, qui est à l'origine de ce projet. Il est expulsé par les autorités françaises, et son successeur Monseigneur Pelt met tout en œuvre pour réaliser la promesse tenue par son prédécesseur. Avant d'ériger la colonne à l'endroit actuel, la place Saint-Martin et le Mont Saint-Quentin ont été envisagés. Elle est finalement édifiée sur la place Saint-Jacques en 1922, puis inaugurée le 15 août 1924. Le 12 mai 1926, l'évêque de Metz en fait don à la Ville.

 

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Metz est une nouvelle fois sous occupation allemande. Le 15 août 1940, des Messins, des Lorrains constituent une foule nombreuse et silencieuse au pied de la statue mariale. Elle est entourée de fleurs bleues, blanches et rouges, à l'image du drapeau de la France. Une immense croix de Lorraine ornée de fleurs tricolores est attachée à la colonne. Sur un ruban on peut lire la devise de la Lorraine : « Qui s'y frotte s'y pique ». De nombreux SS allemands sont là, en uniforme, encerclant la foule. Une voix s'élève, celle de Sœur Hélène, une petite fille de la charité. Elle entonne : « Reine de France (depuis 1638, selon le vœu de Louis XIII, la Vierge Marie est protectrice de la France)  - Priez pour nous - Notre espérance - Venez et sauvez-nous ! ». La foule reprend alors ce refrain avec enthousiasme, nourrie par une francophilie exprimant sa défiance et sa résistance face à l'occupant, dans une manifestation pacifique mais déterminée. Le lendemain, Monseigneur Heintz, le 100e évêque de Metz, est expulsé par les nazis.

 

Descriptif du monument

 

Intitulé « À la Très Sainte Vierge Marie », il est le fruit du travail de Jacques Martin (sculpteur), Henri Thiry (dessinateur), Max Braemer (colonne, décor de bronze sur colonne) et Ernest Herpe (érecteur, socle).

Le monument est composé d'une statue en bronze d'1m90 et d'une colonne à tambours cannelée, d'ordre ionique (le chapiteau est corinthien, rappelant le passé antique et romain de Metz), en pierre de Jaumont, agrémentée de motifs de bronze (représentant la vigne du pays messin, les roses de la Vierge et les fleurs de lys, emblèmes des rois de France), d'une hauteur de 8 mètres.

La statue en bronze représente la Vierge protectrice et miséricordieuse. Elle tient dans ses bras l'enfant Jésus, qui bénit la foule. Sous les pans de sa robe sont gravées les armes de la ville de Metz. Sur le socle de la colonne, deux plaques en marbre. Une première avec l'inscription : « À la Très Sainte Vierge Marie - La Ville de Metz reconnaissante - 1914-1918 ». Une seconde avec l'inscription : « 15 août 1940 - Espérance - Nos cum prole pia benedicat virgo maria - 15 août 1945 - Reconnaissance », ajoutée après la Seconde Guerre mondiale.